Voici quelques extraits significatifs du roman :
P. 109
« Son mari était un jeune homme de vingt-cinq ou vingt-six ans, à l'aspect grave, l'air plus élégant et plus posé que sa femme, mais moins porté à plaire aux autres et à se plaire avec eux. Il entra dans le salon avec un air d'importance, s'inclina légèrement devant les dames sans dire un mot, et, après leur avoir jeté un bref coup d'œil ainsi qu'à l'appartement, prit un journal sur la table et se plongea dans sa lecture jusqu'à son départ. »
Le premier portrait de Mr P.. Evidemment, l'âge ne correspond pas puisque Hugh a fêté ses 36 ans pendant le tournage, mais tous les acteurs sont plus âgés que leur personnage, ce n'est qu'un détail.
Dans le film, la première fois qu'on le voit (voir photo du couple plus haut), le personnage est directement planté et, à ce moment là, est fidèle à celui du roman. Il a effectivement l'air grave, voire de se faire chier royalement. Il est visiblement excédé par les babillages de sa femme (ça nous vaut du reste un beau roulement d'œil dont Hugh a le secret) et c'est tout juste s'il esquisse un sourire quand Willoughby arrive. Il est effectivement plus posé que sa femme, mais c'est pas difficile non plus ! Par contre il n'est pas forcément plus élégant qu'elle, du moins pas physiquement (peut-être dans l'attitude ?), mais il y a bien sûr son aspect grand échalas distingué qui joue.
La question de plaire aux autres revient plusieurs fois dans le roman, dont à la page 115 où Mrs Palmer déclare que « tout sera si gai alors, car Mr Palmer est tout le temps à courir le pays pour les élections. Et tant de gens, que je ne connais pas, viennent dîner avec nous, c'est tout à fait charmant. Mais le pauvre ! c'est si fatigant pour lui ! car il est obligé de plaire à tout le monde ». Dans le film, c'est dans cette première scène pour les Palmer que Madame explique que Monsieur « va devenir parlementaire. Il trouve atroce de devoir plaire ».
C'est ce dernier point qui le rapproche certainement le plus de House comme on peut le constater dans l'extrait suivant.
P. 114-115
« Charlotte rit de tout son cœur à l'idée que son époux ne pouvait pas la renvoyer et dit triomphalement qu'il importait peu qu'il la traitât ainsi puisqu'il était bien forcé de vivre avec elle. Il était impossible de trouver quelqu'un d'une aussi complète bonne humeur que Mrs. Palmer et aussi parfaitement décidée à tout prendre du bon côté. L'indifférence étudiée, l'insolence et le mauvais caractère de son mari ne la troublaient en rien ; et, quand il la grondait et la rudoyait, elle s'en amusait beaucoup.
- Mr. Palmer est si drôle! dit-elle à l'oreille d'Elinor. Il est toujours de mauvaise humeur.
Elinor n'était pas portée, après l'avoir un peu observé, à admettre qu'il fût naturellement et sans effort aussi rustre et mal élevé qu'il cherchait à le paraître. Son caractère avait pu être un peu aigri en découvrant, comme beaucoup d'autres de son sexe, que, par l'aveugle impulsion qui l'avait attiré vers sa beauté, il était devenu le mari d'une femme très sotte ; mais elle savait que ce genre de faute était trop répandu pour qu'un homme sensé n'en prenne pas finalement son parti. C'était plutôt, croyait-elle, un désir de distinction qui le poussait à traiter tout le monde d'une façon méprisante et à dénigrer, en général, tout ce qui s'offrait à lui. C'était le désir de paraître supérieur aux autres. Le motif était trop commun pour qu'on en fût surpris. Mais les moyens employés, quelque efficaces qu'ils fussent pour établir sa réputation de mauvaise éducation, n'étaient propres à lui attacher personne, à l'exception de sa femme. »
Très « houssien » comme comportement ! L'indifférence, l'insolence, le mauvais caractère, le côté rustre et le tout qui amuse : tout était dit...
« Son caractère avait pu être un peu aigri », c'est ce qu'on ce qu'on peut penser pour House aussi pendant la 1re saison, qu'il est comme ça à cause de sa douleur, jusqu'à ce que Stacy arrive et explique à Cameron qu'il avait déjà un caractère de chien avant son accident. Donc, que se soit pour Mr P. ou pour House, ce n'est pas que leur fardeau respectif (femme et douleur) qui les pousse à ce comporter ainsi.
Alors qu'est-ce que c'est ? Un « désir de distinction qui le poussait à traiter tout le monde d'une façon méprisante » ou « le désir de paraître supérieur aux autres » ? Cette théorie ne tient pas pour House, elle est peut-être un peu plus juste pour Mr P. (cf l'extrait suivant).
La seule chose certaine, c'est que ces manières « n'étaient propres à [leur] attacher personne » et qu'aucun des deux n'est « porté à plaire aux autres et à se plaire avec eux ». Dans le cas de House, c'est très clair, il se débrouille toujours pour ne pas qu'on s'attache à lui ! Que ce soit Cameron avec qui il a bien pourri leur second rendez-vous (après les monster trucks qui s'était bien passé), Stacy qu'il a renvoyé chez son mari parce qu'il savait qu'il finirait par la faire souffrir, la diététicienne avec qui il a commencé par faire la liste de tout ce qui pouvait lui déplaire en lui (on l'a jamais revue) et même Wilson et Cuddy qu'il a essayé de pousser à bout quand cet enc... de Tritter lui courait après.
Pour Mr P., il semblerait que cette manie de déplaire vienne d'une réaction au caractère agaçant de sa femme. Dans le cas de House, c'est presque sûr que ça vient de la peur de souffrir d'une séparation ou d'une trahison : pour ne pas qu'une histoire se finisse mal, autant ne pas la commencer... Peut-être même une certaine complaisance dans le malheur.
P. 299-300
« Elinor avait si peu vu Mr. Palmer et, dans ce peu, avait trouvé une telle variété dans sa façon de s'adresser à elle et à sa sœur, qu'elle ne savait comment elle allait le trouver dans le cercle de sa propre famille. Elle constata, pourtant, qu'il se comportait tout à fait en gentleman vis-à-vis de tous ses hôtes et ne montrait de rudesse, à l'occasion, que vis-à-vis de sa femme et de sa belle-mère ; elle découvrit qu'il était tout à fait capable de faire un compagnon agréable, et que, s'il ne l'était pas toujours, cela venait de son trop grand penchant à se croire aussi supérieur aux gens en général qu'il avait conscience de l'être en la société de Mrs. Jennings et de Charlotte. Pour le reste, son caractère et ses habitudes ne présentaient, autant qu'Elinor put le remarquer, rien d'inaccoutumé parmi les personnes de son sexe et de son monde. Il était délicat pour la nourriture, incertain pour ses heures ; il adorait son fils tout en affectant de n'y pas faire attention ; et passait souvent ses matinées à jouer au billard alors qu'il aurait dû s'occuper de ses affaires. Au total, cependant, il lui plaisait plus qu'elle ne s'y était attendue, et, au fond du cœur, elle n'était pas fâchée qu'il ne lui plût pas davantage ; il ne lui était pas désagréable, en observant chez lui des traces d'épicurisme, d'égoïsme et d'affectation, de reposer sa pensée sur le souvenir d'Edward, de son tempérament généreux, de ses goûts simples et de sa défiance de lui-même. »
Comme pour House, le caractère de Mr P. n'est qu'une façade et il fait même un « compagnon agréable » (Elinor avoue même qu'elle aurait pu éventuellement peut-être avoir une inclination pour lui !). La grande différence réside dans le fait que Mr P. se croit supérieur aux autres, alors que House l'est (dans son domaine professionnel). Bien sûr, il en a conscience, c'est pour ça qu'il peut paraître arrogant et prétentieux, mais, cependant, il a régulièrement des doutes, même s'il n'aime pas que ça se sache. De plus, c'est grâce à sa confiance en ses capacités qu'il arrive à guérir ses patients, parce qu'elle lui permet de prendre des risques qui s'avèrent (la plupart du temps) payants. D'ailleurs, à partir du moment où il doute et qu'il n'ose donc plus prendre de risque, il n'est plus aussi performant. C'est particulièrement vrai quand il tient affectivement à son patient (Forman par exemple) et là on en revient à la relation aux autres...
J'aime beaucoup le « Il adorait son fils tout en affectant de n'y pas faire attention » ! Dans le film, il est évident que si Mr P. pouvait porter Thomas Junior du bout des doigts, voire ne pas le porter du tout, ça l'arrangerait. Voici une capture d'écran du film et une photo de tournage (importée de www.hughlaurie.net) où l'on voit la différence d'attitude entre Hugh et son personnage :
Un dernier point commun qui n'apparaît pas dans les extraits que j'ai choisi : la franchise. L'un comme l'autre, ils sortent sèchement des vérités à ceux qui les entourent. Bien sûr, c'est presque toujours une arrogance et ça fait souvent mal, mais c'est vrai... Dans les commentaires audio, Emma le qualifie d'abrupte.
Commentaires
1 Nemie-chou Le 27/03/2009
2 Anne Le 27/03/2009
Pour le petit détail de la tasse, j'ai aussi été étonnée au début puis je me suis repassée la scène et en fait j'ai compris que ce n'était pas la même.
Elle avait du reposer sa tasse et retourné contempler sa fenêtre et Mrs P. lui en repropose une quelque temps après.
Du moins c'est comme ca que je l'ai perçue mais je trouve que la transition est bizarre effectivement.
Voilou!
PS : Il est tellement beau en Mr Palmer... avec ses favoris je fond... ^^